Être un boomer présente quelques avantages. D'abord celui de vivre aujourd'hui aux crochets des actifs chargés de produire dans le monde abîmé que nous leur avons laissé. Et ceux-là ont quelques raisons d'être contrariés. Nous leur répondrons qu'ils pourraient quand même se bouger le cul pour se débarrasser du gang qui domine cette société. Mais il y a un autre avantage, celui de l'expérience qui permet de connaître quelques règles de fonctionnement de l'Histoire et de s'en servir pour comprendre le réel.
L'Ukraine est détruite. Et l'Europe va se disloquer. La messe est dite, l'Occident a perdu et Trump le sait très bien. Tout le reste va en découler. Pourtant aux États-Unis comme chez nous, des cohortes hallucinées refusent de l'accepter et se répandent en incantations irréelles : « la guerre, la guerre, on va gagner ! »
Cela me rappelle furieusement ce que nous avons connu il y a 50 ans, c'est-à-dire la chute de Saïgon et la défaite américaine au Vietnam dont nous allons commémorer l'anniversaire le 30 avril prochain. Deux jours avant que les bo doï pénètrent avec leur char dans le jardin du palais présidentiel pour y hisser le drapeau du Vietnam réunifié, le 28 avril 1975 donc, se tenait une réunion à la Maison-Blanche. Le patron la CIA Bill Colby dit alors au président américain Gérald Ford « il faut regrouper les forces sud vietnamiennes et forcer les nord vietnamiens à reculer. Nous pouvons gagner ». Ford s'est tourné vers John Schlesinger le secrétaire à la défense pour recueillir son avis. Pendant que Kissinger restait silencieux Schlesinger répondit :
« c'est fini Monsieur le Président. C'est terminé. »